Page:Darien - Le Voleur, Stock, 1898.djvu/246

Cette page a été validée par deux contributeurs.
229
LE VOLEUR

coration de l’hôtel, sont appuyés contre le mur. Canonnier en prend un, arrache l’étoffe de la hampe, et s’en confectionne une sorte de ceinture tricolore que je lui attache fortement derrière le dos, et dans laquelle nous insérons les papiers.

— À merveille, dit Canonnier en boutonnant son gilet. Je fais concurrence à M. le maire, intérieurement ; et il se met à renifler d’une façon singulière. Tu te demandes si je suis enrhumé ? ajoute-t-il. Non, pas du tout. Je flaire l’argent. Je pense que nous n’en avons pas trouvé beaucoup, et qu’il doit y en avoir d’autre. Laisse-moi flairer encore un peu ; je te dis que je sens l’argent… Tiens, là.

Il se dirige vers la cheminée, passe sa main entre la glace qui la décore et le mur ; et retire un vieux portefeuille.

— Ah ! ah ! dit-il en s’approchant de la fenêtre. Je te le disais bien !… Des billets de mille ; mazette !… Quatre, cinq… Neuf, dix. Dix mille francs, mon bon ami. Voilà ce que c’est que d’avoir du nez. Quand tu auras mon expérience, tu en auras autant que moi… Voici cinq billets. Mets-les dans ta poche, et allons-nous-en.

Nous rentrons dans le bureau.

— Je leur ai laissé toute la monnaie blanche, fait Canonnier en passant devant la caisse fracturée. ; ils ont de la chance que je ne sois pas bimétalliste… Plus un mot, à présent et sortons par les jardins. Il y a une petite porte, au fond, qui donne dans une rue déserte.


Nous sommes dans la rue déserte. Les fusées du feu d’artifice s’épanouissant en gerbes multicolores, rayent le ciel qui s’est obscurci. Nous nous dirigeons vers la grande place et nous avons la joie d’assister aux transports de la foule devant les soleils tournants, les chandelles romaines, et surtout les pluies d’or. Divertissements innocents, plaisirs purs…

Un temps d’arrêt. C’est le bouquet qu’on va