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LE VOLEUR

prononcer un grand discours ; il m’en a déclamé des morceaux ; c’est épatant. Après ça, tu comprends, il sera sûr de son portefeuille. Je vais à Malenvers avec lui, naturellement… Tu ne sais pas ? Tu devrais y venir aussi. Oui, c’est ça, viens ; ils doivent repartir par le train de onze heures du soir ; je m’arrangerai pour avoir une migraine atroce qui me forcera à rester à Malenvers, et tu y demeureras, toi aussi. J’irai envahir ta chambre… Ah ! au fait, c’est à l’hôtel du Sabot d’Or que nous allons tous ; c’est le patron qui est l’agent électoral de Courbassol. Alors, c’est convenu ? Tu prendras le train demain matin à huit heures ? Bon. Excuse-moi de te quitter, mais ici je suis sous les armes ; je ne peux pas abandonner mon poste…

Margot remonte dans sa voiture qui part au grand trot prendre son rang dans la file des équipages qui descendent l’allée des Acacias ; et elle se retourne pour m’envoyer un dernier salut, très gentil, qui fait scintiller ses brillants.

Ah ! Marguerite de Vaucouleurs !… Tu prends ta revanche ; et Mme Montareuil aurait sans doute mieux fait, dans l’intérêt de son ignoble classe, de ne point te refuser un certificat. Tes pareilles, à qui on ne reproche encore que de ruiner des imbéciles, finiront peut-être, à force de démoraliser la Société, par l’amener au bord de l’abîme ; et alors…

Elles étincelaient aussi du feu des pierres précieuses, ces perforatrices à couronnes de diamants qui tuèrent tant d’hommes lors des travaux du Saint-Gothard, mais grâce auxquelles on parvint à percer la montagne !