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LE VOLEUR

— En conscience, lui ai-je demandé, à qui croyez-vous que puisse être utile la propagande anarchiste ? Profite-t-elle aux malheureux ?

— Non, sûrement. Car, depuis qu’il est de mode d’exposer les théories anarchistes, je ne vois pas que la condition des déshérités se soit améliorée ; elle a empiré, plutôt.

— Eh ! bien, pour prendre un instant au sérieux les arguments de vos frères-ennemis les socialistes, croyez-vous que cette propagande profite au gouvernement ?

— Non, sûrement. L’idée d’autorité a été battue en brèche sans aucun résultat. Un petit nombre d’individus ont cessé de croire à la divinité de l’État, mais les masses terrorisées se sont rapprochées de l’idole ; de sorte que, tout compte fait, la puissance gouvernementale n’a été ni accrue ni diminuée.

— À qui profite-t-elle donc, alors, cette propagande ?

Il a réfléchi un instant et m’a répondu :

— Au mouchard.