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LE VOLEUR

— Oui, dis-je, Canada… Québec, Toronto, Montréal…

— Parfaitement, approuve le Monsieur jovial qui voit qu’il n’y a décidément pas grand’chose à tirer de moi et prend le parti de m’abandonner à mon malheureux sort.

— Ne trouvez-vous pas, Monsieur, demande-t-il en se tournant vers le Monsieur triste, qu’il y a quelque chose de très flatteur pour nous dans cet empressement des étrangers à visiter la France ?

— Si, certainement, répond le Monsieur triste d’une voix lugubre.

— C’est que, voyez-vous, notre pays est toujours à l’avant-garde du progrès ; la France est la reine de la civilisation. On peut dire ce qu’on veut, mais c’est un fait ; la civilisation a une reine, et cette reine, c’est la France. N’êtes-vous pas de mon avis ?

— Si, certainement, répond le Monsieur triste d’une voix lugubre.

— Le monde, Monsieur, est émerveillé de la façon dont nous avons su nous relever de nos désastres de 1870. Quelle page dans nos annales, que l’histoire de la troisième République ! Et qui sait ce que l’avenir nous réserve ! Ah ! M. Thiers avait bien raison de dire que la victoire serait au plus sage… Ne pensez-vous pas comme moi ?

— Si, certainement, répond le Monsieur triste d’une voix lugubre.

— Vous me direz peut-être qu’il y a de temps à autre quelques tiraillements intérieurs. Mais ces petites zizanies prouvent notre grande vitalité. Il faut faire la part de l’exubérance nationale. Cette opinion n’est-elle pas la vôtre ?

— Si, certainement, répond le Monsieur triste d’une voix lugubre.

— Je suis fort heureux que nos idées concordent, continue le Monsieur jovial. Votre approbation m’est d’un bon présage. Car je dois vous apprendre que je suis sur le point de poser ma candidature à un siège