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LE VOLEUR

Nous voilà partis. Le cab file tout le long de Piccadilly, descend Brompton Road et s’arrête, à Kensington, devant une des petites maisons qui bordent un square quadrangulaire. Nous descendons et Roger fait, à plusieurs reprises, résonner le marteau de cuivre qui pend à la porte. Mais cette porte, personne ne vient l’ouvrir ; la maison semble inhabitée. Les stores sont tirés à toutes les fenêtres, que n’éclaire aucune lumière.

— Bizarre ! dit Roger. Broussaille a dû sortir et la bonne a profité de son absence pour aller se promener de son côté. Voilà une maison bien tenue ! Je parie que Broussaille est à l’« Empire. » Allons-y.

Nous y allons. Nous y sommes ; et il y a même dix minutes que nous parcourons le promenoir sans que Roger-la-Honte ait pu apercevoir sa sœur.

— Vous n’avez pas vu Broussaille ? demande-t-il à toutes les femmes.

— Non, répondent-elles ; nous ne l’avons pas vue.

Une grande rousse qui vient d’entrer se dirige vers nous en souriant.

— Je suis sûre que tu cherches ta sœur, dit-elle à Roger.

— Oui. Sais-tu où elle est ?

— Je ne sais pas où elle est, mais je sais avec qui elle est. Je l’ai rencontrée tout à l’heure avec une dame de Paris.

— Comment est-elle, cette dame ?

— C’est une brune, assez jolie, pas toute jeune, très bien mise.

— Grande ?

— Moins que moi, mais assez forte.

— Bon ! Je sais qui c’est. Merci.

— Écoute un peu, dit la grande rousse en le retenant par le bras. Tu vas apprendre du nouveau ; je ne te dis que ça !

— Quel nouveau ? Quoi ?

— Ah ! je ne veux rien te raconter ; tu verras ; il n’y aurait plus de surprise, murmure la grande rousse en s’éloignant.