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LE VOLEUR

de m’en vouloir. Je ne peux réellement pas vous offrir un sou de plus, et je hais toutes les discussions d’argent. Si c’était possible, pour la vente des titres volés, je préconiserais l’arbitration ; pas obligatoire, pourtant… Voyons, je vais vous donner cinq cents livres en billets et un chèque pour le reste.

Nous acquiesçons d’un sourire et Paternoster, après nous avoir compté les banknotes, se met en devoir de remplir le chèque.

— Voilà, dit-il en nous le tendant. Avez-vous l’air content, mon Dieu ! Moi, si j’étais voleur, voulez-vous que je vous dise ce qui me ferait surtout plaisir ? Ce serait de penser que chacun de mes larcins démolit les calculs des statisticiens, fausse leurs évaluations soi-disant rigoureuses de la richesse des nations…

Il nous reconduit jusqu’à la porte et se déclare pénétré de l’espoir qu’il nous reverra avant peu.

— Ah ! sapristi, j’oubliais ! s’écrie-t-il comme nous le quittons. Un de mes ex-confrères, un notaire du centre de la France, m’a signalé l’autre jour un joli coup qu’il y aura à faire dans sa ville d’ici un mois ou deux. Je vous ferai signe, dès le moment venu. C’est une bonne affaire et je veux vous la réserver. Je ne vous demanderai que dix pour cent pour le tuyau ; il faut que j’en rende au moins cinq au confrère, ainsi… Gentil, hein ?… Au revoir…

Nous descendons l’escalier en silence. Notre cab nous attend devant la maison ; nous y montons et Roger donne au cab l’adresse d’un hôtel du West-End.


— Malgré tout, dis-je quand nous nous levons de table, vers neuf heures, je ne sais pas si nous aurions trouvé mieux que ce que nous a donné Paternoster.

— Non, dit Roger ; il ne manque pas, à Londres, de gens exerçant le même métier que lui ; mais c’est crapule et compagnie. Paternoster est encore le plus honnête… À présent, si tu veux, nous allons faire une visite à Broussaille.

— C’est une excellente idée.