Page:Darien - Le Voleur, Stock, 1898.djvu/113

Cette page a été validée par deux contributeurs.
96
LE VOLEUR

l’exemple. Elle est partie pour Londres, et elle y est restée depuis.

— Ah ! bah ! Broussaille est à Londres… Et qu’est-ce qu’elle fait, à Londres ?

Roger-la-Honte tire sa montre.

— Qu’est-ce qu’elle fait ?… À l’heure qu’il est, elle doit faire quelqu’un… Ah ! il va être une heure du matin ; c’est le moment de nous y mettre…

Roger-la-Honte va prendre une valise, à la tête du lit, l’apporte sur le guéridon et la déboucle. Il en sort différents instruments, des pinces, des vrilles, de petites scies très fines, d’autres choses encore.

— Où est ma lanterne sourde ? Ah ! la voici ; elle est toute prête… Tu comprends, il vaut mieux être deux, pour des coups comme celui que nous allons faire ; si l’on est tout seul, on court trop de risques ; on n’a personne pour vous avertir, si les gens viennent à se réveiller.

Il met une partie des outils dans ses poches et me passe le reste, ainsi qu’une paire de chaussons de lisières.

— Retirons vite nos bottines et mettons ça. C’est des bons. C’est des Poissy.

— Comme cela, dis-je en glissant mes pieds dans les chaussons, nous ne ferons pas de bruit pour descendre.

— Descendre ! dit Roger-la-Honte. Est-ce que tu rêves ? Nous ne descendons pas ; nous montons.

Il souffle la bougie, ouvre la petite fenêtre de la chambre, enjambe la barre d’appui et disparaît à gauche, sur le toit.

Je le suis. Nous nous hissons sur la corniche qui sépare la maison de la maison voisine, nous la franchissons et nous nous trouvons à côté de la fenêtre d’une mansarde ; la fenêtre est éclairée.

— Halte ! murmure Roger. Il faut attendre ; nous nous y sommes pris trop tôt. Ces garces de servantes n’en finissent pas de se déshabiller ; il est vrai qu’elles ne sont pas longues à s’endormir. Asseyons-nous un peu.