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LE VOLEUR

quand on vient de quitter un de ces honnêtes gens, que de penser qu’on doit avoir pour amis des canailles, qu’on fréquentera des êtres destinés à l’échafaud ou au bagne.

J’ai prononcé la phrase un peu haut, et j’ai vu sourire le jeune homme blond. De quoi se mêle-t-il ? Il commence à m’agacer. Et je me penche sur la table pour murmurer à Issacar :

— Allons-nous en d’ici ; et conduisez-moi auprès de ce voleur si adroit dont vous m’avez parlé tantôt et que vous devez me faire connaître ce soir.

— Volontiers, répond Issacar ; mais il est inutile de sortir.

Il se lève et pose la main sur l’épaule du jeune homme blond.

— J’ai l’honneur, me dit-il, de vous présenter mon ami Roger Voisin, dont vous désirez si vivement faire la connaissance.

J’esquisse un geste d’étonnement ; mais le jeune homme blond me tend la main.

— Je suis vraiment enchanté, Monsieur… Permettez-moi seulement une petite rectification ; mon nom est bien Roger Voisin mais, d’ordinaire, on m’appelle Roger-la-Honte.