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III


En France, ce qu’il y a de plus national, c’est la vanité.
Balzac.

La caricature avait autrefois créé un type bien français, et dont le nom sonnait, aussi, bien français. Mayeux. Monsieur Mayeux, et c’est fort regrettable, a disparu depuis longtemps. Je n’aurai pas la cruauté de dire pourquoi. Mais vous savez que les peuples, comme les individus, surtout lorsqu’ils sont affligés d’une certaine dose de vanité, n’aiment point les miroirs fidèles. Si j’étais caricaturiste, je ressusciterais Mayeux. Je voudrais bien être caricaturiste ; il y a encore une chose que je ferais : le portrait de Forain écoutant un discours de Quesnay de Beaurepaire. Il n’y aurait pas de quoi rire.

Mayeux non plus ne fait pas rire. Au fond, il est terrible. À côté de lui, Prudhomme n’est qu’une lamentable ganache. Prudhomme, du reste, est plutôt cosmopolite ; c’est presque autant le philistin allemand ou anglais que le bourgeois français. Mais Mayeux n’a rien d’international. Il est Français jusqu’aux moelles ; exclusivement Français. Il en est crevé, d’être Français ! Ou plutôt — car il a seulement fait semblant de mourir, et j’ai tort d’en parler au passé, — ou plutôt il aurait pu en crever. Mais un certificat de patriotisme, que lui décerna récemment la Ligue de la Patrie française, l’a fait sortir du cadre étroit des