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du surin qu’on aiguise ou les cris de la victime dont on scie le cou. Ce sont les racoleurs des assassins ; ce sont ceux qui vont chercher les coupe-jarrets dans leurs repaires placés sous l’invocation de grands saints, comme Saint-Dominique, et leur mettent le couteau à la main. Ce ne sont pas les complices des meurtres qu’on prémédite ; ce sont ceux qui ont conçu le projet du crime, qui en ont préparé les éléments, qui en assurent le succès. Ce sont les vrais coupables, les plus vils, et ceux qu’il faut frapper d’abord. Ils savent ce qu’ils font ; sachons, nous aussi, ce que nous avons à faire. Question de vie ou de mort. Ils rêvent de nous envoyer à Satory ou au Père-Lachaise. Envoyons-les à Clamart.

Ces sales gredins, naturellement, se gardent bien de dire ce qu’ils pensent. Ils déblatèrent contre les gens discutables que la République choisit généralement pour leur confier le soin de ses destinées ; en quoi ils n’ont pas tort ; ils se gardent bien d’ajouter, par exemple, qu’entre ces républicains et les héros du nationalisme il n’y a aucune différence ; que les uns et les autres ne cherchent qu’à emplir leurs poches ; que les uns y ont réussi, et que les autres espèrent y parvenir — ce qui, tout compte fait, peut créer une distinction. — Après ça, ils parlent de république meilleure, de vraie république, de liberté des pères de famille ; ils affirment que, s’ils étaient au pouvoir, tout irait mieux. Pourquoi et comment, on ne sait pas. Des mots, des mots, des phrases sonores, des déclamations pompeuses et vides. Et, bien entendu, l’Armée, le Drapeau, la Patrie.

Où ils conduiraient la France si on les laissait faire, il ne faut pas espérer le leur entendre dire. Le savent-ils eux-mêmes ? Un traître a rarement l’intuition de toutes les conséquences de sa trahison. Et traîtres, ils le sont autant qu’on peut l’être, car ils savent qu’ils ne pourraient changer la forme du gouvernement sans risquer une guerre, dont les résultats seraient terribles pour eux, quoiqu’il arrivât, et dont ils ne veulent à aucun prix ; ou sans l’assentiment des puissances voisines, assentiment sollicité,