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ou laïques, toujours emmanchés d’une trique ; il faut qu’ils soient bien persuadés qu’on ne rendra jamais son véritable caractère à la frauduleuse légende révolutionnaire derrière laquelle ils s’embusquent ; il faut qu’ils aient une foi profonde dans l’éternel aveuglement du peuple pour venir, après tous les désastres qu’ils ont essuyés, agiter leur drapeau de vaincus et se poser en sauveurs ; pour oser parler à la France de son avenir et de sa mission.

Une mission ! Il est possible que la France en ait une ; elle paraît en avoir une. Elle semble destinée, ayant plus tôt que tous les pays européens achevé son évolution politique sous les divers régimes émanant de la propriété individuelle du sol, à se constituer en nation, en nation réelle, avant tous. Détournée de son but, à la fin du XVIIIe siècle, par la main du prêtre, elle doit revenir maintenant, non pas en arrière, mais en avant ; et avec de nouvelles forces ; avec toutes les forces que lui donnent les outils d’affranchissement amassés durant un siècle d’efforts avortés, d’espoirs déçus, de souffrances et d’humiliations sans nom. Elle doit comprendre que, si une Autocratie ou une Oligarchie peuvent établir leur existence sur une abstraction, incarnée en un homme, ou en un groupe réduit, une Démocratie ne le peut pas ; une Démocratie ne peut baser sa vie que sur une réalité, sur une réalité inaltérable. Autrement, elle ne se développera jamais qu’en abjection, ne créera que des tribus animales et serviles. La France doit comprendre que la Liberté n’est possible que si elle repose sur une certaine somme, au moins, d’égalité ; et que la liberté est absolument indispensable au monde à une heure où il ouvre de toutes parts ses portes à l’activité humaine ; où l’Individu sent, partout, d’augustes anticipations s’élever en lui et fermenter des symboles puissants.

Cette liberté, après tout, la France doit l’offrir à l’humanité, à qui elle l’a promise une fois, et qu’elle a déçue. Aujourd’hui elle peut la lui donner ; elle peut la lui donner en s’érigeant en nation, en vivant enfin pour elle-