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puissances menteuses et aux forces illusoires ; il enflamma les bûchers ; il poussa les hommes à se mettre en troupeaux, hostiles les uns aux autres, prêts à tous les crimes pour la défense des misérables tisons de leurs foyers ; s’effrayant, après la mort même, des brasiers d’une éternelle géhenne. Et, à la voix des prêtres infâmes de Moloch, l’humanité offrit son culte et sa vie à la fournaise ardente qui rugissait dans le ventre du Taureau d’airain, et qui gronde aujourd’hui aux flancs de la Machine. Et Prométhée, enchaîné par le Destin sur la terre, afin qu’il comprît, sut comprendre. Il comprit que c’était la générosité de la Terre, et non l’inimitié du Ciel, qui devait lui donner le feu libérateur.

L’Électricité libérera le monde ; elle mettra fin à l’ignominie des villes, à toute la misérable existence qu’a créée la Vapeur ; elle donnera à l’homme l’espace qu’il lui faut, élargira ses poumons et son intelligence ; l’affranchira. Elle est prête à l’affranchir et à chasser, en même temps que la fumée puante du charbon, tous les brouillards de la superstition et de la servitude. Les Pauvres n’ont qu’à vouloir, à se méfier, et à être intolérants.

Pauvres, n’avez-vous pas souffert assez, pour apprendre à vous méfier et à être intolérants ? À vouloir par vous-mêmes et pour vous-mêmes ? Et à exiger le salaire de vos luttes et de vos labeurs ? Préparerez-vous toujours le festin des Riches, et vous contenterez-vous de l’os sans moelle, après ? Donnerez-vous toujours le vin de vos veines pour rien, afin qu’on puisse vendre votre chair exsangue, après ? Serez-vous toujours les dupes, avant, afin d’être les victimes, après ? Dites, n’en avez-vous pas assez ? — Et ne croyez-vous pas qu’elle a assez duré, votre patience, votre sale patience ? Et qu’il est temps de la remplacer par une autre patience, à l’œil clair, à l’esprit lucide, avec du nerf dans ses bras croisés ?

Il faut voir, nettement, ce qu’il faut faire. Et cela, il faut le faire. Pour moi, je suis persuadé qu’il faut, pour que la liberté soit commune et pour que le bonheur soit commun, que le Sol, d’abord, soit commun. Je crois que