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apothéoses et les funérailles jusqu’à perpète. Tout ça, c’est des affaires de macchabées. Laissez les morts ensevelir leurs morts.

Aucun mouvement social cherchant son point d’appui dans la Révolution Française, dans ce qu’on appelle son esprit, ses enseignements, ses idées ou ses principes, ne pourra réussir. Tout mouvement social qui ne rejettera pas cette révolution, totalement, qui ne la considérera pas comme nulle et non avenue, sera voué à l’avortement. Les cafards de la réaction, les plus habiles d’entre eux au moins, savent que la Révolution Française fut une fraude ; c’est là leur principale force. Sachez ce qu’ils savent, dénoncez l’imposture, et vous leur aurez enlevé les trois quarts de leur pouvoir. Tandis que tous les ennemis de la liberté acclament cette Révolution, reniez-la, Pauvres ! Elle fut faite contre vous, par votre éternelle ennemie : l’Église. Et en voici une preuve, la meilleure de toutes, peut-être : le carcan qu’elle a mis, cette Révolution, autour du cou de la Femme, et que la main du Prêtre, seule, était assez cruelle pour river.

Que cette révolution ait eu ses instants de réelle grandeur ; que l’indignation vraie ait vibré sourdement dans le cœur du peuple et ait essayé souvent de s’exprimer ; qu’elle ait tenté, vainement, de se faire jour à travers les barrières tendues de tricolore derrière lesquelles la séquestrait la trahison ; qu’elle ne se soit pas éteinte, même, lorsque la bouche qui l’interprétait fut close par la mort ; que la haine de l’iniquité sociale et le désir d’un état de bonheur rationnel aient survécu, impotents, au triomphe des charlatans de la liberté ; c’est possible. Je n’ose pas dire non. Mais je n’ose pas dire oui, quand même. Je ne peux pas oublier que cette révolution qui promettait la Liberté, l’Égalité et la Fraternité, n’a donné ni la Liberté, ni l’Égalité, ni la Fraternité. Plus d’un siècle après elle, c’est l’Inégalité qui règne ; et l’on est obligé, encore, de tuer des rois. Je ne peux pas oublier que les Pauvres ont été des dupes ; qu’ils ont été des sots de ne pas exiger que la Louisette tranchât la tête de la Misère, d’abord ; c’est