XI
La fin viendra ; la fin du monde où nous vivons, où nous faisons semblant de vivre, où nous crevons dans le désespoir et l’angoisse ; la fin du monde qu’a créé la main du prêtre. Aujourd’hui, c’est la Paix — ce qu’on appelle la paix ; la solitude, le silence, l’étouffement, la mort. C’est la paix de l’Église ; la paix des tombeaux. Demain, ce sera la Guerre, la guerre qui tuera cette paix abjecte. Nulle évocation n’éveillera Lazare, ne le fera sortir de la tombe ; mais les boulets briseront la lourde pierre qui clôt son sépulcre, et il apparaîtra, hors de son suaire, avec du fer dans ses deux mains. Vive le son du canon ! À une époque où les hommes n’ont plus d’âme, il faut que les choses montrent qu’elles en ont une. On dit : « l’Âme » d’un canon.
Il y a une patience qui est un engourdissement ; elle est passive, machinale, veule ; elle produit inévitablement la mort intellectuelle et morale de ceux qui deviennent sa proie, individus ou peuples. C’est comme une lèpre. Elle suinte les viscosités de l’espérance, les poisses de l’idéal. La Révolution Française a inculqué au peuple français cette patience-là. Elle a ses limites, tout de même. De