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pour le présenter aux jeunes soldats lorsqu’ils arrivent à la caserne ou lorsqu’on les mène au poteau d’exécution, et l’autre qui est accroché aux murs du Zeughaus, à Berlin. Comment trouver un clou ? Comment ?… Eh bien ! on en a découvert un.

Et un beau, et un fameux ; un clou symbolique. Au bout de la longue avenue qui, partant des Champs-Élysées, traverse la Seine sur le pont Alexandre III et se prolonge jusqu’aux fossés des Invalides — au bout de cette longue avenue bordée de palais éphémères, triomphe du truqué, du faux, de l’artificiel, du trompe-l’œil — oui, tout au bout, fermant l’horizon, on admirera le dôme de Mansart. Le clou, c’est ça : ce dôme qui recouvre un tombeau.

Et quel tombeau ! Celui de la Gloire militaire.



Pollice verso.


On le voit, l’inconscience a sa clairvoyance.

Je ne crois point, pour ma part, que l’Exposition soit une gloire, puisse en être une. Il n’y a aucune grandeur à élever une Babel de plâtras et de carton-pâte dont tous les artisans et les visiteurs, parlant pour ne rien dire, sont sûrs de se comprendre. Je ne pense pas davantage que ce soit une glorification du Travail. Glorifier le travail est vain. Il n’y a pas lieu de béatifier le Labeur. Le subir est suffisant. Cette Exposition sera ce qu’ont été toutes celles qui l’ont précédée : un étalage incomplet de possibilités libératrices dans une Kermesse de Servitude.

Mais il peut y avoir une certaine grandeur dans cette foire internationale si elle signifie (ainsi que pourrait le faire croire le choix du clou précité) que la France est décidée à s’engager dans une nouvelle voie, qu’elle est résolue à employer ses forces aux travaux et aux arts de la Paix au lieu de les consacrer à des préparatifs de guerre.