D’un autre côté, Rome voyait son pouvoir et son prestige décroître tous les jours. Son prestige, nécessairement, dépend de son pouvoir ; et son pouvoir n’a jamais d’autre base qu’une base matérielle. Pendant des siècles, le pouvoir de l’Église, qui n’avait été que le pouvoir de la Papauté, avait étendu sur le monde son influence toute-puissante, intellectuelle pour une part, mais politique plus encore, et économique bien davantage. Ce pouvoir papal avait eu à lutter, à maintes reprises, contre de grands mouvements connus sous le nom d’Hérésies, mouvements de caractère intellectuel, mais surtout politique, et plus encore économique ; il avait triomphé, en somme, de toutes ces concurrences plus ou moins sérieuses. Rome et ses succursales, si je puis ainsi dire sans irrespect, avait établi sur le monde une domination qui correspond à celle qu’imposent aujourd’hui la Haute Finance et ses ramifications ; la Théologie jouait à peu près, en sa faveur, le rôle que joue aujourd’hui la Presse au profit de la Haute Banque. Il en fut ainsi, généralement, jusqu’à la veille de la Réforme. Alors, le pouvoir de l’Église déclina ; et l’avènement du Protestantisme vint lui porter, à tous les points de vue, un coup terrible. La puissance catholique-romaine fut près de s’effondrer. La Compagnie de Jésus, une première fois, la sauva. Ce ne fut pas gratuitement ; le pouvoir de l’Église passa des mains du Pape blanc à celles du Pape noir, du Vatican au Gésù. Et ce pouvoir, sans changer de nature, élargit encore son assise matérielle. Après une période de transitions pendant laquelle se cicatrisèrent les blessures causées par l’épée de la Réforme, et qu’essayèrent vainement de troubler des schismes invertébrés, l’Église eut à subir l’assaut de l’incrédulité sans masque. Habituée aux attaques d’adversaires couverts du manteau religieux, et prise au dépourvu par l’agression d’antagonistes qui portaient au grand soleil l’armure de l’impiété, l’Église se défendit mal ; et tout d’un coup elle découvrit, avec terreur, que derrière les ferrailleurs de l’athéisme un ennemi autrement robuste et autrement dangereux se levait contre elle : l’Idée d’un