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de la Révolution. Mais elle serait la Belle France.

« Une des choses qu’il y a surtout lieu de regretter au sujet de la Révolution Française, écrivait Henry George, est le fait que cette révolution vint anéantir les idées des Économistes (Quesnay surtout — un impôt unique sur la valeur de la terre) — juste au moment où ces idées gagnaient chaque jour du terrain parmi les classes intelligentes et étaient apparemment sur le point d’influencer la taxation. »

Le grand Américain avait raison. Il aurait eu raison encore, et beaucoup plus, s’il avait ajouté que la Révolution Française avait été faite, et faite exclusivement — faite, préparée de longue main, machinée, truquée, exécutée et conduite à son but précis — uniquement afin d’anéantir les idées de Quesnay ; afin de les abolir dans l’ordre des faits où elles commençaient à pénétrer, et même dans la mémoire des hommes ; afin de les étouffer, de les supprimer à jamais. Voilà ce que Henry George n’a pas vu et ne pouvait pas voir ; mais c’est une grande chose tout de même, une très grande chose, que d’avoir écrit la phrase que je traduis plus haut.

Pour ces quelques lignes je donnerais tous les livres, tous, dans quelque langue qu’on les ait imprimés, qui prétendent nous retracer l’histoire de la Révolution Française. Il serait à souhaiter que toutes ces Histoires disparussent et que la phrase écrite par l’homme d’action qui mourut récemment à New-York, donnant sa vie pour ses convictions, demeurât.

Les idées de Henry George, qui se résument dans cette formule : A single tax upon the value of Land, sont tout simplement les idées de Quesnay. Ce sont les doctrines du grand Français du XVIIIe siècle qu’a prêchées le grand Américain du XIXe siècle ; ce sont ces doctrines, qui se répandent, populaires, et davantage et davantage chaque jour, aux États-Unis, en Écosse, en Angleterre, en Australie, dans tous les pays où l’on parle l’idiome de la liberté, l’anglais — ce sont ces doctrines qui avaient été exprimées d’abord, en français, à une époque où l’on ne