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tisme implacable, rancunes basses, ambition hystérique et creuse, prurit d’autorité féroce et aveugle, respect prudhommesque et terrifiant de la loi écrite, rage de délation et de calomnie, soif de principes régulateurs, besoin maladif de hiérarchie et de servitude, démangeaison d’honneur et fureur de dégradation — ce maniaque a donné la somme de tous les sentiments vils qui agitent l’âme moyenne de ses compatriotes, a poussé jusqu’à son paroxysme l’état d’esprit particulier à cette partie de la population française qui s’affirme nationaliste. Cet état d’esprit, c’est un mélange pitoyable d’éléments incomplets, avortés ou mutilés ; d’éléments dont la nature particulière n’est pas toujours mauvaise, mais dont la somme est infecte ; dont la combinaison, cependant, par l’exagération même de son absurdité dégradante, pousse, sans le vouloir, au renversement de l’ordre de choses présent ; s’oppose à la permanence de la situation actuelle. Et l’homme misérable dont je parle, ce lunatique agité comme par une idée fixe qui ne se présente à lui qu’à travers de sales brumes — cet être dans lequel la Raison, tout de même, semble avoir perdu quelque chose — cet homme est un symbole. Il se dresse, ainsi qu’une purulente allégorie, au-dessus des piteux gredins qui l’entourent, pauvres hères qui rêvent de mettre la France à l’encan et qui ne sont, à côté de lui, que les nabots du déshonneur, les foutriquets de l’infamie. Il symbolise, lui, descendant d’un homme illustre dont il a renié le nom, l’inquiète dégradation, la maladive et nerveuse impotence dans laquelle la France se roule depuis plus d’un siècle — depuis qu’elle a écouté les phrases des maquignons de la Liberté au lieu de prêter l’oreille aux paroles du grand Quesnay — depuis qu’elle a cessé de comprendre. Si les idées de Quesnay avaient été suivies, appliquées, la France ne serait pas ce qu’elle est aujourd’hui ; et l’existence d’un homme tel que le descendant du physiocrate, l’existence d’un état d’esprit tel que celui que représente ce misérable, ne seraient pas possibles, non plus. La France n’aurait sans doute point été la France