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tis de gouvernement, ceux qui sont au pouvoir et ceux qui aspirent à les remplacer, leurs agissements misérables et leurs idées plus misérables encore. Quant aux gouvernés, quelques-uns emplissent leurs poches, quelquefois honnêtement, dit-on, et sont satisfaits ; et le plus grand nombre n’emplit pas ses poches, dont les doublures se touchent de plus en plus. De ceux-là, la plupart prennent leur mal en patience, mal dégradant et patience honteuse ; d’autres cherchent dans des théories dérisoires, dans l’agitation vaine de formules creuses, des remèdes à un état de choses qui n’en a qu’un : l’annihilation ; et un petit nombre, comprenant que toute discussion est inutile, et que l’ombre des événements, dont parlait Shakespeare, plane déjà sur la France, regarde et reste muet, attendant l’heure.

Il faut dire que les Français, tout en reconnaissant que l’incohérence sous toutes ses formes préside aux destinées de leur pays, se refusent généralement à admettre la nécessité de bouleversements profonds. Le chaos, à leur avis, n’est nullement indispensable. Quel que soit le parti auquel ils appartiennent, ils sont convaincus que des transformations suffisent ; et ils croient fermement, aussi, que ces modifications doivent trouver leur inspiration dans les idées et les principes de la Révolution de 1789 ; idées fécondes, admirables principes qu’on a grand tort de négliger et dont on ne saurait s’écarter sans avoir à le regretter amèrement. En parlant ainsi, du reste, ils ne tiennent point langage de sectaires. La Révolution de 1789 n’est pas l’apanage d’un groupe ou d’une coterie ; elle appartient à tous ; son héritage est le patrimoine de chaque citoyen. Tous les partis s’en réclament, même les partis réactionnaires, et même les prétendants. Ces oints du Seigneur en expectative s’affirment, en leurs programmes, enfants de la Révolution Française ; et se déclarent fiers de cette descendance. Cette fierté se conçoit. La Révolution Française, qui donna la liberté au monde, a projeté sa bienfaisante lumière sur le développement du siècle ; c’est le phare qui doit guider l’humanité, à jamais,