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relle, plus le caractère qui les marque est simple et direct (c’est-à-dire déterminé par des nécessités intérieures, matérielles), et plus le peuple qui les parcourut a conservé de cohésion et de virilité ; exemple : l’Angleterre, dont tous les mouvements — soubresauts ou convulsions — ont été provoqués, ainsi que le démontre Hallam, par des questions de taxation, c’est-à-dire par des questions qui trouvaient leur origine, toujours, dans des formes de propriété territoriale. Plus leur origine est anti-naturelle, plus leur caractère participe de l’artificialité et de la complication, (c’est-à-dire plus il est empreint du stigmate de l’abstraction, tatoué du peinturlurage de l’idéologie), et plus le peuple qui les a subies présente de symptômes de veulerie et de désagrégation ; exemple : la France, dont tous les mouvements — soubresauts ou convulsions — depuis le XVIe siècle, ont été provoqués par des causes en dehors d’elle, par des questions qui n’avaient nul rapport avec sa situation réelle, je veux dire avec sa situation telle que la lui faisaient ses besoins. Cela en dépit de toutes les apparences, ainsi que je le démontrerai ci-après.

Ces périodes composent l’évolution historique des nations ; ou, du moins, ce que nous entendons comme tel. À vrai dire, elles sont simplement les phases du conflit continuel et général (inconscient souvent d’un côté, et souvent aussi des deux côtés) entre les partisans de la propriété individuelle du sol et ses adversaires. Leur action est directe et indirecte. Directe en ce sens qu’elles maintiennent, affaiblissent ou renforcent le système de propriété particulière de la terre ; indirecte en ce sens que leur résultat est, à travers tous les obstacles, une œuvre d’élimination, d’agglomération, de synthèse, qu’on peut comparer à un travail de gestation — beaucoup plus pénible qu’il ne devrait l’être normalement. — Leur effet est de mettre au monde, avec des aptitudes plus ou moins déterminées, des tendances plus ou moins spéciales, ces groupements compacts d’êtres humains que nous appelons des nations. De les mettre au monde ; de les mettre en état de vivre comme nations.