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qu’il est urgent de trouver une base raisonnable de taxation. Les impôts sont, ou directs, ou indirects. S’ils sont indirects, c’est le dernier qui paye, c’est-à-dire le plus pauvre, qui paye tout. S’ils sont directs, s’il y en a plusieurs (et même s’il y a seulement deux impôts directs) ils deviennent immédiatement, dans l’application, indirects ; ils pèsent encore, par conséquent, sur les pauvres. Il faut donc, afin que la taxation trouve une base raisonnable, qu’il y ait un impôt direct, et qu’il n’y en ait qu’un seul ; et il est impossible que cet impôt soit établi sur autre chose que sur la valeur de la terre.

L’idée unique de cet impôt unique, de ce seul impôt raisonnable — équitable, si l’on veut — devrait devenir entre les mains des pauvres l’énorme pic qui battrait en brèche, incessamment, la citadelle des riches. Le prolétariat ne devrait pas perdre son énergie, éparpiller ses forces, à la poursuite de réformes chimériques ; il devrait poursuivre cette transformation complète, simple et logique de l’impôt, avec un entêtement extrême, avec une obstination qui refuse de se laisser détourner de son but. C’est la chose qu’il devrait vouloir, de toutes ses forces, et vouloir seule. En dehors de cette chose, il devrait rester sourd à tous les appels, et indifférent à toutes les provocations. Il devrait faire toute sa politique de cette question — qui contient toutes les questions, — se refuser énergiquement à toute discussion et agir, politiquement, par l’inertie ; se constituer en machine d’obstruction complète. Du jour où les pauvres, exigeant l’égalité effective dans l’impôt, déclineraient de prendre aucune part à la constitution des assemblées parlantes, le rôle réel du pouvoir législatif apparaîtrait ; la comédie jouée par les parlements cesserait d’elle-même ; et le pouvoir exécutif, obligé d’expliquer sa raison d’être, disparaîtrait. Ce n’est, en effet, que grâce aux équivoques et aux hypocrisies derrière lesquelles il se dissimule, que l’État actuel, dont le seul rôle est de maintenir l’inégalité, peut subsister.

L’impôt unique sur la terre mettrait fin à tous les mensonges, à tout l’artificiel de la vie politique présente. Cet