Page:Darien - La Belle France.djvu/240

Cette page a été validée par deux contributeurs.

compte, avec un étonnement peut-être mélangé d’amertume, que l’impôt sur le revenu pèse exclusivement sur tous ceux qui n’ont pas de revenus. Ils pourront, il est vrai, trouver une consolation dans la pensée que le gouvernement fait pour le mieux, et qu’il s’inspire des doctrines du socialisme. C’est, d’ailleurs, ce qu’il fait déjà aujourd’hui, avec une intrépidité qu’on ne saurait trop louer. Dernièrement un ministre osait déclarer sans trembler que « le travail doit posséder et le capital travailler. » Et des faits, au moins des promesses, venaient appuyer cette audacieuse affirmation. On s’engageait à permettre aux syndicats d’acquérir et de posséder ; de sorte que, dans un avenir prochain, les syndicats et groupements pourront cesser d’être une menace au patronat et deviendront des tampons entre la richesse et l’immense masse des déshérités. Voilà encore une façon de conquérir les pouvoirs publics, et de comprendre la lutte des classes.

La lutte des classes est un des dogmes fondamentaux du socialisme. Pourquoi les classes doivent être en lutte, c’est ce que personne ne pourrait dire ; mais il ne faut pas discuter les dogmes. On ne pourrait pas dire davantage pourquoi il y aurait un parti socialiste ; pourquoi il y aurait, en face des différents partis des riches, d’autre parti que celui de tous les opprimés ; et pourquoi, même, ces opprimés, jusqu’au moment au moins où ils pourront agir, formeraient un parti. Il est probable qu’un parti exclusif, dogmatique, autoritaire, est nécessaire à la vanité risible et à l’ambition creuse des ouvriers sans honte et des bourgeois honteux qui se sont donné la mission d’émasculer les pauvres et de museler la misère. Ces méprisables pontifes de la plus méprisable des religions semblent quelquefois las, pourtant, de prêcher le calme, la patience, le respect de la légalité ; ils ont l’air d’être fatigués de la guerre sournoise et sans merci qu’ils font à l’individualité et aux idées libertaires ; ils paraissent avoir honte de leur inaction honteuse. Alors, ils proposent au prolétariat organisé un plan de campagne, dont les résultats, assurent-