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vrai ressort des gouvernements se trouve dans les assemblées parlantes. Les évidences les plus claires ne peuvent les détromper. Ils admettent bien que l’œuvre des parlements, jusqu’à présent, n’est pas considérable ; mais ils pensent que c’est parce qu’ils avaient la guigne ; et que ça va passer, un de ces jours. En attendant, ils obéissent au mot d’ordre des pontifes, qui leur conseillent la discipline ; ils croient au groupement, au syndicat, aux organisations compactes qui seules peuvent lutter, pensent-ils, contre l’organisation capitaliste. Ils ne se doutent même pas que ces groupements ne servent qu’à donner la preuve du manque d’initiative et de l’apathie populaires ; et que la coalition capitaliste n’existe que grâce à la foi des déshérités dans les théories abêtissantes, et à leur lâcheté.

Il y a lâcheté, en effet, à croire à l’efficacité des réformes. Le mal ne pouvant s’isoler, tous les foyers d’infection communiquant dans la pourriture sociale, toute réforme est impossible. La Société ne peut pas être réformée, mais simplement détruite. Voilà un diagnostic que l’autopsie, j’espère, confirmera avant peu.

Les Socialistes, en dépit de tout, croient à la possibilité des réformes. Et, pour leur faire plaisir, on peut avouer que les réformes sont possibles. La prostitution, qui met un frein à l’excès des passions sexuelles, est une réforme ; l’arbitrage qui, en fait, oblige le pauvre à vendre son travail à un prix que détermine le riche, est une réforme ; le service militaire obligatoire et la loi relégation, qui débarrassent le marché ouvrier des bras qui l’encombrent, sont des réformes. L’alcoolisme aussi est une réforme, et une belle ; car, ainsi que le disait récemment un ministre, il donne au travailleur l’illusion des forces dont il a besoin. Comme, sur trente-sept millions de Français, il y a au moins quatre millions d’alcooliques, on peut dire que les travailleurs ont beaucoup d’illusions, dans la Belle France.

L’impôt sur le revenu, dont on parle tant, et qui viendra bien un jour ou l’autre, sera aussi une réforme ; les malheureux verront ce qu’elle leur coûtera. Ils se rendront