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D. Qu’est-ce que c’est que la Patrie ? — R. La portion du globe où un homme s’est donné la peine de naître, et où il peut continuer à vivre tant que l’argent ne lui manque pas, qu’il paye ses impositions et qu’il ne gêne point le gouvernement.

D. Jusqu’à quel point un citoyen doit-il aimer sa patrie ? — R. Jusqu’à la mort.

D. Comment appelle-t-on un citoyen qui remplit tous ses devoirs ? — R. Un contribuable.


Donc, c’est partout la même chose. L’infamie de l’enseignement congréganiste se retrouve, dépouillée de son appareil surnaturel, dans l’enseignement laïque ; et même, cet appareil surnaturel dont on a détroussé l’idole divine, on le jette sur les épaules du mannequin qui s’appelle l’État. L’âme de l’enfant est encagée dans le système ; le dogme, sous son véritable aspect ou travesti par la défroque des principes, vient l’emmailloter dans les bandelettes de traditions idiotes. Non seulement on prive l’enfant de liberté, mais on l’empêche de concevoir et même de sentir ce que c’est que la liberté. Il doit croire. Il doit avoir foi en l’homme au cœur cerclé d’épines ou en la femme au bonnet phrygien. Il doit vénération et dévouement à l’un ou à l’autre, et n’en peut espérer que silence et mépris. Du renoncement chrétien à la résignation civique il n’y a qu’un pas, — peut-être en arrière. — Du reste, les deux systèmes, le système congréganiste et le système laïque tel qu’il existe aujourd’hui, sont si complètement anti-naturels qu’ils ne peuvent vivre qu’en se prêtant l’un à l’autre le secours de leur abjection particulière. Si l’État n’a pas aboli l’enseignement de l’Église, c’est que l’abolition de l’enseignement ecclésiastique aurait entraîné immédiatement la mort de l’enseignement de l’État. Ces frères ennemis sont des frères siamois. Le lambeau de chair arraché à leurs victimes qui s’est greffé à leurs corps, qui les lie l’un à l’autre et qui les exaspère, est indispensable à leur existence. Cette existence est néfaste, ruineuse pour la nation. Elle la condamne à la pire