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par pur esprit de conquête ; ils croyaient sincèrement aux motifs qu’ils invoquaient pour envahir les territoires de leurs voisins, et ce fut l’occasion seule qui les amena à les détrousser. Sincères, ils le sont presque toujours, sur le moment ; par courte vue, peut-être ; mais peu importe. La diplomatie étrangère le sait bien. La politique française, qu’on fit passer souvent pour la politique de Robert-Macaire, n’est même pas celle de Robert-Houdin.

Que, des bouleversements dont les Français furent cause, des perturbations que produisit leur humeur batailleuse, soit sorti un ordre de choses plutôt favorable aux idées de liberté, c’est une opinion qu’on peut soutenir. C’est, encore, une opinion qu’on peut réfuter. On peut croire que les Français ont été, souvent, les chevaliers de la liberté. On peut être convaincu, aussi, qu’ils n’en furent jamais que les maquignons. La Liberté veut des défenseurs convaincus, clairvoyants, tenaces. La liste des victoires françaises, si longue soit-elle, ne prouve rien à ce sujet. La victoire n’est pas une preuve. C’est la défaite qui en est une. La Prusse, après 1806, démontre qu’elle vit, qu’elle veut vivre. La France, après 1815, après 1870, ne démontre rien de semblable.

La France se vante aussi de sa sympathie pour les faibles, pour les opprimés, pour les victimes. Sentiments louables, qui ne sont pas toujours factices. La France a donné, en effet, quelques preuves de leur réalité ; elle a donné aussi, plus fréquemment encore, des preuves de leur absence totale. En ces dernières années, les Arméniens l’apprirent ; les Cubains, également. Si la France avait osé, c’est du côté de l’Espagne, monarchique et tortionnaire, qu’elle se serait rangée. Elle n’osa point.

Aujourd’hui, pendant le conflit engagé entre les Républiques Sud-Africaines et l’Angleterre, c’est aux Républiques — chose réellement extraordinaire ! — que vont les sympathies de la République française. Le Boer est le héros du jour ; il fait prime. On porte aux nues le général Joubert et l’on est fier — oh ! tellement fier ! — de ce qu’il descend d’une vieille famille française. (On ou-