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basses rancunes particulières, aux viles convoitises, aux injures les plus ridicules, aux délations les plus infâmes. Je voudrais particulièrement faire voir que la Presse, comme instrument d’éducation du peuple, est de nulle valeur, et demeurera sans la moindre efficacité tant que la base sur laquelle repose la Société n’aura pas été changée. La raison pour laquelle la Presse ne remplit pas la tâche qu’on lui avait bénévolement assignée, est fort simple.

D’abord, le propriétaire, le directeur de journal se laissera toujours guider par des motifs d’ordre personnel, pécuniaires généralement ; par conséquent s’efforcera de suivre et jamais de diriger. Puis, à part de rares exceptions, l’homme ne peut prendre un intérêt sérieux dans la vie morale et intellectuelle de sa patrie que lorsqu’il a d’abord un intérêt réel dans l’existence matérielle de cette patrie. Le petit nombre de ceux qui possèdent cet intérêt réel est fort occupé à digérer et, entre temps, à empêcher ceux qui jeûnent de troubler sa digestion. À cet effet, il leur fait jeter de temps en temps, par ses valets de plume, les vieux os desséchés des superstitions mortes, retirés des catacombes religieuses ou des charniers internationaux.

Empêcher les Français de porter leur esprit et leurs efforts vers des réalités, les abêtir de dissertations ridicules et de protestations stupides, les énerver par un système d’injures continuelles et de diffamations perpétuelles, les hypnotiser dans leur veulerie par l’exposé menteur de réformes imbéciles, les crisper dans la haine des peuples voisins et de tous ceux qui rejettent le credo des Inquisiteurs, voilà l’œuvre de la Presse nationaliste. Son rêve, c’est d’arriver à proscrire de la France tout ce qui en constitue la force, l’intelligence et la noblesse ; c’est de la réduire à une telle condition mentale, qu’elle puisse devenir la proie facile des voleurs en uniforme et en soutane qui la guettent ; c’est d’en faire, une fois de plus, le fief du Catholicisme romain. Il faut le dire : la Presse nationaliste est une des formes agissantes du Catholi-