VII
On a cru et déclaré pendant longtemps, et l’on répète encore, que le meilleur moyen d’apporter un remède aux imperfections de l’état présent, est d’éclairer le peuple.
Le journal et l’école parurent, et paraissent encore à beaucoup, des instruments efficaces de régénération sociale. Que le journal et l’école aient une influence sur l’esprit général, n’est pas niable ; que cette influence soit féconde est matière à discussion. Le journal, par exemple, aide surtout les gens à ne point penser par eux-mêmes, leur mâche des opinions qu’ils avalent sans examen, les emplit de préjugés et les sature d’inconsciente hypocrisie. Je ne voudrais pas dire que le journal, en France, est devenu un simple organe de publicité au service de la basse politique, du mercantilisme et du jeu. Ce serait aller trop loin — ou pas assez. — Les journaux qui expriment des idées, qui défendent des idées, sont rares en France. Il y en a un, au moins ; peut-être même deux ou trois ; mais je n’en suis pas sûr. Il en existe quelques autres qui, par probité ou par habitude, persistent à tenter d’exposer des convictions, et parviennent quelquefois à passionner le lieu-commun ; ils exposent, avec une bonne foi poussié-