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glise. À l’intérieur le fait est évident ; il ne l’est pas moins à l’extérieur. La politique étrangère de la France est foncièrement cléricale ; sa politique d’expansion l’est aussi. Elle a entrepris la conquête de Madagascar, où elle a détruit une civilisation supérieure à celle de plus d’une province française, pour la plus grande gloire de la Compagnie de Jésus. Elle est, dans toute l’acception du mot, l’agent de Rome. Elle est bien, ainsi que s’en targuent les Nationalistes, la première nation catholique. Il est peu probable que cette situation puisse durer. D’abord, une bonne partie de la population française en est lasse. Puis, il serait puéril de le cacher, les nations protestantes sont fatiguées d’être harcelées, insultées et provoquées sans cesse par un adversaire qui n’attaque jamais, mais qui les condamne à une perpétuelle défensive ; cette défensive est onéreuse, désagréable ; le mauvais emploi de leurs forces déplaît aux nations protestantes ; et c’est faire un mauvais usage de son énergie, quoi qu’on en puisse penser en France, que de la tenir en réserve, au cran d’arrêt. Un dénouement ne peut pas être éloigné. Attendre ne pourrait servir qu’à augmenter les dangers du conflit et à perpétuer la misère générale. Les pays protestants souffrent aussi. Et croyez-vous qu’un agitateur anglais, par exemple, ne pourrait pas démontrer aux déshérités d’Angleterre que leurs souffrances sont causées par l’existence de Rome, laquelle ne doit son pouvoir qu’à l’appui que lui prête la France ? Et croyez-vous qu’il exagérerait beaucoup ? Et ne pensez-vous pas qu’il serait logique en assurant que la France aurait intérêt à s’amputer elle-même de son cancer, et à ne point laisser au sabre de l’étranger le soin de pratiquer l’indispensable opération ?