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elle est prussienne. Mais ce sont là des détails dont le siffleur ne s’occupe pas. Il vit sur des légendes puériles, des formules pompeuses, des romances bêtes.

Car, chose qu’on n’a pas assez remarquée, le caractère du Français, depuis la défaite, s’est profondément modifié ; il est devenu larmoyant, solennel et sentencieux. Autrefois, après leurs déroutes, les Français savaient fredonner des refrains spirituels, d’une jolie gouaillerie ; aujourd’hui, ils psalmodient des complaintes pleurnichardes et béates. Quelle différence entre ces fades cantiques de beuglants et les amusantes chansons qui nous viennent, si vous voulez, de l’époque où les Français, sur les ordres de Chamillart, joueur de billard fameux et ministre du Roi-Soleil, ne devaient livrer bataille aux troupes de Marlborough que lorsqu’ils étaient, au moins, deux contre un !

Il faut reconnaître, pourtant, que les Français ont conservé une certaine gaîté ; ou, du moins, des prétentions à la gaîté. C’est une gaîté spéciale, qui peut faire rire, mais qui peut faire pleurer. Quand M. Brisson, par exemple, déclare que la France est une grande et fière nation ; quand M. Méline parle de l’estime dans laquelle notre pays est tenu à l’étranger ; quand M. Delafosse avoue que la France a besoin de l’Angleterre pour recouvrer l’Alsace-Lorraine, et de l’Allemagne pour obtenir l’évacuation de l’Égypte, — on ne sait vraiment pas si l’on doit se tenir les côtes ou tirer son mouchoir de poche.



Celui qui aime l’iniquité est l’ennemi de son âme.
Psaumes.

Les Français se moquent fort des Anglais parce que les Anglais vénèrent la Bible. Les Français ne vénèrent point la Bible. Ils vénèrent le Code Napoléon. Livre pour