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que romaine de « confession nationale. » Il convient de remarquer l’hypocrisie de l’expression. Elle tend à faire croire, non pas tout à fait que cette confession est la création, le produit direct du génie national, mais qu’elle a été librement choisie par le pays parce qu’elle était en conformité avec ses besoins moraux et ses aspirations. Rien n’est plus faux. Une bonne partie de la France est juive, protestante, déiste ou athée. L’autre partie, la plus considérable, comprend des coquins qui ont accepté librement la religion romaine parce qu’elle leur offre un précieux concours dans l’exploitation de leurs semblables ; elle comprend aussi des masses de pauvres hères aux cerveaux boueux, à l’âme esclave, qui sont des catholiques parce qu’ils sont abrutis et qui sont abrutis parce qu’ils sont catholiques. Si, au seizième siècle, la Réforme eût pu délivrer les multitudes françaises du joug de Rome, la France d’aujourd’hui ne serait pas ce qu’elle est. On sait à quels moyens Rome eut recours afin de s’imposer à la France. Je ne rappellerai ni l’intervention étrangère, provoquée par les nationalistes d’alors, ni l’infamie de la crapule italienne appelant à son secours la canaille espagnole, ni les honteux massacres ni les trahisons grâce auxquels on parvint à conserver à la tyrannie romaine la malheureuse proie qui allait lui échapper. Les cloches de la Saint-Barthélemy sonnèrent le glas de la dignité nationale. Ce fut sur une loque de nation que la prostituée du Tibre vint s’accroupir. La France, qui avait été sur le point de se faire une vie à elle, en conformité avec ses instincts, a vu depuis lors son existence cahotée entre les ambitions aveugles de ses gouvernants et les louches combinaisons ultramontaines. C’est du moment où le méprisable Béarnais acheta Paris par une messe que la France a abandonné, consciemment ou non, sa politique intérieure et extérieure aux mercantis du Vatican ; la période révolutionnaire qui suivit 1789 ne prouve rien, ainsi que nous le verrons tout à l’heure, contre l’exactitude de cette affirmation. On a beaucoup célébré la magnanimité avec laquelle le Vert-Galant promulgua en faveur des réformés le fameux édit de Nantes.