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Quant à l’anglophobie, quoiqu’elle fasse vivre plusieurs scélérats dont l’existence ne me paraît pas nécessaire, je ne saurais en dire de mal. Elle a démontré que les Nationalistes, et le clergé qui les mène au combat, ne manquent point de courage, ou du moins d’un certain courage ; cela n’est pas pour satisfaire mon âme de sans-patrie, mais la vérité avant tout. Je dois avouer que c’est un beau spectacle, que celui de ces multitudes bien françaises qui ne pardonnent pas à la perfide Albion de vivre de l’autre côté du détroit, et qui demain refuseront de le lui permettre ; qui lui font voir qu’elles ont conservé dans leurs gosiers l’énergie qui manque à leurs bras ; et qui témoignent des véritables sentiments de l’esclavage latin à l’égard de la liberté britannique. La France elle, rivée au papisme qui la déshonore, n’a pas besoin de libertés. Sa foi lui suffit. Elle ne peut point, par exemple, avoir le droit d’association, car on craint l’augmentation trop énorme des congrégations religieuses qui pullulent déjà sur le territoire, en dépit de toutes les lois ; et, l’État formant en fait l’association unique, c’est de lui que les miséreux attendent tout. Leur apathie, leur débilité morale, se reposent sur des conceptions chimériques comme celle des retraites ouvrières, sur les panacées qui moisissent au fond de la gibecière du socialisme chrétien ou du socialisme d’État.

Si les pauvres se payent de mots, ce n’est pas que l’argent manque en France. Des bandes de frocards sympathiques le récoltent à pleins sacs, et des âmes charitables ne se lassent pas de faire des envois de fonds à la presse bien-pensante. Cet argent, destiné aux pauvres, leur est remis intégralement, des deux façons suivantes : une partie en est expédiée à Sa Sainteté pour subvenir aux frais de cette politique romaine qui se consacre entièrement à l’amélioration du sort des masses ; et l’autre partie, de beaucoup la plus considérable, est employée à la construction de monuments, églises, collèges et chapelles où l’on prie Dieu de donner aux pauvres la force d’endurer leurs souffrances. Dieu prête une oreille favorable aux suppli-