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déprimante et de plus en plus stérile ; quand on voit qu’elle s’est asservie à eux, corps et âme, sans en espérer grand’chose d’abord et avec la certitude, ensuite, qu’elle n’en peut rien attendre ; quand on voit ce que sont devenus les maîtres et ce qu’est devenu le peuple, on s’aperçoit facilement que ce n’est pas le peuple qui s’est donné des maîtres, mais que ce sont les maîtres qui, peu à peu, systématiquement, ont réussi à créer le peuple qu’il leur fallait, le peuple selon leur cœur, le peuple à leur image — le peuple prêt à l’ignoble politique des coups d’épingle, des coups de gueule, des coups de Bourse — mais pas à celle des coups de tampon. Ah ! non !…



Villeroi, Villeroi
A fort bien servi le roi…
Guillaume, Guillaume !

Nos monuments où flotte leur bannière
Semblent porter le deuil de ton drapeau.


Agir en vaincu et parler en matamore, c’est pitoyable. Le misérable état d’esprit qui fait de la France la risée du monde ne date pas d’hier. On put l’observer, en 1870, aussi bien dans le langage de la presse que dans la conduite des populations qui eurent à héberger l’envahisseur. Il est injuste d’en rendre le second Empire complètement responsable. Le mal a des causes plus lointaines ; nous les étudierons tout à l’heure. Ce qui est certain, c’est qu’il afflige aussi bien les chefs du gouvernement que les simples citoyens. Pour la période de 1870, je citerai les deux faits suivants qui peuvent, je crois, servir d’illustrations.

L’homme qui avait déclaré, avec des pleurs fameux, que la France ne céderait ni un pouce de son territoire ni une pierre de ses forteresses, eut à conclure l’armistice qui fut le prélude de la paix honteuse. Il était tellement pressé de s’avouer vaincu, de s’établir vaincu, lui