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femme. « La France est catholique, » disait cet imbécile de Spuller. Cet imbécile de Spuller n’avait pas tort. La France est catholique parce que la femme est catholique. Et la femme est catholique parce qu’elle n’est pas libre.

J’ai tort de dire que la femme est catholique. En dehors de celles qui ne sont point liées, même nominalement, aux dégoûtantes superstitions romaines, il y a en France un certain nombre de femmes intelligentes et courageuses qui rejettent les enseignements de l’Église et ont pour le prêtre tout le mépris qu’il mérite. Ces femmes s’efforcent de se soustraire à l’affreuse domination que l’homme, à la voix du scélérat en soutane, leur a imposée ; elles cherchent à conquérir les libertés qui leur sont nécessaires, ou plutôt à les reconquérir ; car la Française des dernières années du XIXe siècle est fort loin de jouir des franchises que possédait son aïeule du XVIIIe siècle, par exemple. La déclaration des Droits de l’Homme a été une pierre tombale posée sur l’existence de la femme.

Mais je peux dire que la majorité des Françaises est catholique ; qu’une bonne part de cette majorité est catholique simplement parce qu’elle n’est pas libre ; que si la troisième République avait été autre chose qu’une République nominale, et que si elle avait donné aux femmes les libertés que ce sera son éternel opprobre de leur avoir déniées, ces femmes se seraient affranchies de l’influence cléricale qui pénètre la France par tous ses pores et l’empoisonne.

Être catholique, ce n’est pas seulement faire partie de l’Église catholique-romaine et en admettre les dogmes ; cela, c’est pour la surface, et particulièrement pour le vulgum pecus. C’est, en réalité, être attaché aux croyances vermoulues et aux superstitions honteuses qui disposent, autour de l’actuelle infamie sociale, l’auréole en papier peint de la volonté divine. C’est prendre prétexte de ces croyances pour mettre à exécution les préceptes d’une religion qui, sous de faux dehors humanitaires, préconise la tyrannie du Riche et fait au Pauvre un devoir de la servilité et de l’abnégation. Le catholicisme, c’est la figure