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Les nationalités correspondant à peu près à leurs expressions géographiques, les obstacles apportés à l’harmonie générale proviennent des différences politiques et sociales dans la vie des divers États ; par exemple, de leur manière d’admettre, en pratique, l’existence d’un pouvoir religieux, militaire, capitaliste, propriétaire. Ces différences ne subsistent guère aujourd’hui, ou du moins elles n’existent que d’une façon superficielle ; ainsi, les peuples civilisés s’entendent tous pour reconnaître la légitimité de la propriété individuelle de la terre.

Mais que l’un d’eux, demain, — le peuple français, si l’on veut, — s’insurge contre ce système de propriété, et voilà l’accord rompu. Les intérêts des possesseurs du sol sont trop identiques partout, sont trop soumis aux mêmes risques, pour que les propriétaires terriens d’Angleterre et d’Allemagne, dirai-je, n’essaient pas d’envoyer la force armée dont ils disposent au secours de leurs confrères de France. La guerre, étant données l’ignorance et l’étroitesse d’esprit de la majorité des hommes, devient inévitable. C’est une guerre de conquête. L’Anglais et l’Allemand ont à conquérir la conception de propriété du sol que s’est faite le Français, révolté contre l’ancien système ; s’ils y parviennent, la conception française, qu’ils auront enchaînée, aura à lutter pour sa délivrance afin de reparaître avec de nouvelles forces, après un temps ; ou bien à mourir, purement et simplement, si elle est sans valeur. Le Français a à conquérir, de son côté, la conception de propriété territoriale que représente l’Anglais ou l’Allemand. Conquête possible d’un côté ou de l’autre, mais conquête nécessaire. Phase de la grande lutte qui commence en cette fin de siècle pour la conquête de la liberté et de la vie — pour la conquête de la terre. — Cette conquête doit être, nécessairement, poursuivie à l’infini ; les luttes qui en marqueront les étapes ne seront pas forcément sanguinaires ; elles peuvent devenir, et deviendront, amicales ; c’est sur l’éternel conflit intellectuel que peut être basée seulement la fraternité humaine.

Pour le moment, il est inutile d’espérer que les luttes