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à l’intermédiaire du Vatican, cette alliance russe dont ils osent se faire gloire, et qui sera l’éternelle tare de la troisième République.

Alliance aussi flatteuse que féconde. Jusqu’ici, comme résultats, elle a dragué hors de France autant de milliards qu’il en fallut donner aux Prussiens lors du versement de cette indemnité de guerre que les Français se vantent encore d’avoir payée si vite ; elle a imposé à la France, en retour des bons offices du Saint-Siège, et en dépit des lois, la vermine cléricale et monacale qui est en train de la ronger ; elle a permis à des esprits aventureux d’échafauder des projets bizarres de coopération entre les armées russe et française, lesquelles devraient opérer leur jonction sur les rivages de la Bohème, comme dit Shakespeare, et attaquer l’Allemagne par le sud. Cette tentative audacieuse doit s’effectuer au moment de la crise autrichienne qu’ouvrira la mort de l’empereur François-Joseph. C’est une affaire entendue. On serait mal venu à affirmer que la crise autrichienne sera close, sans aucune intervention de la France, par la prolongation de l’Allemagne jusqu’à Trieste ; et que le rôle de la Russie, que l’occident a si complètement failli à civiliser, ne commencera guère avant qu’une civilisation adéquate lui ait été apportée par les Jaunes, enfin réveillés de leur sommeil. Mais peu importent les réalités. La France se contente de chimères et ne demande pas autre chose. On lui dit qu’elle a des colonies ; et elle le croit. On lui dit que son armée est nécessaire à leur défense ; et elle le croit. Elle a donné sans sourciller des millions et des millions pour la dévastation du Tonkin, pour l’établissement de l’esclavage à Madagascar, pour la création d’un port militaire à Bizerte (l’Aboukir de l’année prochaine), pour des missions extravagantes conduites par des anthropophages. Elle ne se doute pas que l’Algérie, la seule de ses colonies qui ait une valeur et qu’elle semble appelée à conserver, se détacherait de la métropole, tellement elle en est dégoûtée, si le nombre de ses colons était plus considérable. Elle tente même sournoisement, en ce moment, d’entamer le