et n’en supprime aucune — à commencer par la plus grande de toutes, l’existence humaine, à laquelle la terre confie les germes de l’avenir — ce sauvage-là est un civilisé. Le civilisé qui a entre ses mains un grand nombre de possibilités, mais les déforme ou refuse de s’en servir ; qui n’a ni la compréhension, ni le respect de l’existence humaine ; qui a laissé s’établir et se fortifier des institutions néfastes dont le seul rôle est de s’opposer à son libre développement physique, à l’essor audacieux de sa vie morale — ce civilisé est un barbare. — L’usage fait par ce civilisé de ses facultés et des découvertes qui se succèdent tous les jours, est dérisoire. Le nombre d’existences humaines et animales sacrifiées sans trêve à son imbécillité est effrayant. Les institutions dont sa sottise a permis la création et que sa lâcheté persiste à conserver, sont sanguinaires, dévoratrices d’hommes.
L’Église rejette l’âme humaine au passé, la cloue au gibet des époques mortes, la claquemure dans des catacombes ; elle lui donne l’espoir et la terreur d’une vie à venir, la pénètre de son néant et de la vanité des choses de ce monde. Après l’homme noir, vient l’homme rouge. C’est l’assassin, le meurtrier sans épithète, dont l’œuvre consiste à détruire et à mutiler le corps, ainsi que le prêtre détruit et mutile l’esprit. Derrière ces deux crapules en vient une troisième, la plus vile, la plus sotte et la plus lâche : le marchand. Celui-là ne se fait point payer pour donner la mort, comme les autres ; il la détaille dans sa boutique qui est l’antre du mensonge et de la ruse basse ; il la pèse dans sa balance à faux poids, l’enveloppe d’hypocrisie, et la présente avec un sourire et un petit compliment à ceux qu’il empoisonne. Cet honnête homme vend n’importe quoi, ce qu’il a déjà volé et même ce qu’il n’a pas encore volé ; et l’économie politique explique pourquoi il a raison d’agir ainsi. C’est parce que le produit net est une chose que la valeur ainsi que le bénéfice légitime sans oublier les salaires et en tenant compte des nécessités de l’échange justifie le capital par le moyen de la propriété. En suivant toujours tout droit et en vous garant