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son intelligence, à tous les points de vue, par des camarillas imbéciles ; les grandes masses du peuple, les véritables Français, espèrent fermement que Demain ne sera pas la continuation d’Aujourd’hui, mais sa revanche.



Dans l’avenir, le rôle de la France sera seulement philosophique et intellectuel.
Napoléon.

Rien n’est plus misérable que la fureur aveugle et fiévreuse avec laquelle les foules cherchent à détruire en elles les sources d’énergie, ou à en détourner le courant, à lui donner des directions fausses, nuisibles et ridicules. Il est certain qu’elles obéissent, en agissant ainsi, à la voix des mauvais apôtres qui les empoisonnent de leurs prédications, mais elles y trouvent aussi un pitoyable plaisir. Elles échappent ainsi à elles-mêmes, aux appels d’une indépendance qui les terrorise parce qu’elle leur donnerait des responsabilités. Elles échappent ainsi à la pression des faits multiples qui, en élargissant le champ d’action de l’homme, le rapproche de plus en plus d’un bonheur qui ne lui paraît pas fait pour lui. On peut tout dire d’un mot : ces civilisés ont peur de la civilisation.

Qu’est-ce que la civilisation ? C’est la mise en œuvre de toutes les possibilités de destruction et de création, c’est-à-dire d’action, qui tendent au développement complet et au bien-être de l’existence humaine. C’est la reconnaissance de ces deux faits indiscutables : Nous sommes des hommes ; nous habitons une planète qui s’appelle la Terre.

Il n’y a que deux états possibles à l’homme : l’état de barbarie et l’état de civilisation. Il n’existe point d’état intermédiaire. Le sauvage qui n’a encore mis à son service que quelques agents naturels ; qui n’a créé que quelques instruments ; qui n’a entre ses mains qu’un nombre réduit de possibilités ; mais qui n’en néglige, n’en déforme