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Ce futur, c’est par l’emploi de la force seulement que le prolétariat peut espérer l’atteindre. La force, c’est-à-dire l’armée, est dans ses mains. C’est par elle qu’il doit arriver au développement complet de son idéal démocratique ; à la suppression du vieux système de gouvernement par armée et administration, système tyrannique dans lequel les parlements ne constituent qu’un rouage inutile et risible ; et au remplacement des grands États hostiles les uns aux autres par des groupements volontairement fédérés et composés de communes maîtresses de leurs territoires.

Théoriquement, et une fois l’armée démocratisée, il serait possible au peuple, par le simple déploiement de l’irrésistible appareil mis enfin à sa disposition, d’obliger sans effusion de sang ses oppresseurs à rendre gorge ; après quoi, il pourrait licencier son armée, procéder au désarmement complet. Mais, en fait, cette supposition est inadmissible. D’abord, la condition morale et mentale du peuple a été faite trop pitoyable pour qu’il puisse prendre conscience de son pouvoir en dehors de la pression d’une influence extérieure ; un grand danger seul peut réveiller le peuple et le rappeler à lui-même. D’autre part, les intérêts des possédants français sont intimement liés à ceux des possédants étrangers. Ces coquins forment une association internationale dont les membres se doivent aide et protection. Il serait ridicule de conserver à ce sujet la moindre illusion ; l’aristocrate français, le prêtre français, le capitaliste français feront appel à l’étranger, ainsi qu’ils l’ont toujours fait, contre les Français pauvres qui demanderont à ne plus souffrir de la faim et à vivre libres. Il faudra terrasser cette canaille. Donc, la guerre sera inévitable. Guerre extérieure et guerre intérieure ; cette dernière sera rendue nécessaire par les agissements des bourgeois et fut, d’ailleurs, prévue par leur sagesse ; ils déclaraient en effet, dernièrement, que l’armée était destinée à contenir les factieux de l’intérieur. Ces factieux-là, l’armée démocratisée les contiendra ; elle contiendra les factieux du panache, du comptoir et du confessionnal. Même, il ne lui suffira point de les contenir ; elle les sup-