aurons le plaisir, en cas de guerre, de voir le général de Négrier et ses collègues fournir à l’armée française tous les Spion Kop qu’elle peut désirer ; de grands commandements sont, en effet, réservés à ces généraux d’échaudoir. Ils s’en montreront dignes, à leur façon ; n’en doutons pas.
Après tout, peut-être vaut-il mieux ne douter de rien — au moins jusqu’à ce que les événements, avec leur brutalité ordinaire, viennent prouver au peuple français que sa confiance fut trop naïve et ses admirations trop faciles. — Peut-être faut-il admettre que ce fut un beau jour pour la France que celui qui vit les héros de 1870, retour d’Allemagne, se placer eux-mêmes par droit de conquête — la conquête du Père-Lachaise — à la tête de l’armée et, grâce à la Commission de Révision des Grades, éliminer de cette armée tous les intrus qui n’avaient point compris que la place d’un officier français, pendant la guerre, était dans une forteresse prussienne. Peut-être doit-on reconnaître, aussi, qu’il n’est pas mauvais que les grades, l’avancement rapide, aient été réservés aux bons élèves des bons pères, et que l’armée soit devenue la succursale logique de l’Église, le débouché naturel des jésuitières — le confessionnal préparant à la guérite, la guérite faisant suite au confessionnal. — Il est possible qu’il vaille mieux ne point se plaindre de la morgue ridicule, de l’ignorance avérée, de la cruauté stupide dont fait preuve la majorité des officiers ; et qu’il convienne même de les féliciter pour la façon admirable dont ils s’attirent le respect général en employant des procédés qui, chez des êtres moins galonnés, n’exciteraient que le mépris. Il faut avoir le courage d’atteindre le sommet de la montagne — fût-elle un entassement d’immondices — afin d’apercevoir, au pied de l’autre versant, la consolation de la vallée. Et l’obstination de la caste empanachée à séparer ses intérêts de ceux de la nation interdit au peuple de s’arrêter à mi-côte, l’oblige à gravir jusqu’au bout le sentier difficile et bourbeux qui l’amènera enfin à la contemplation de la vérité ; il pourra alors voir nettement