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Nous touchons à un âge d’extermination. Nous sommes déjà, en fait, dans un âge d’extermination. Rien de ce qui existait hier n’existe aujourd’hui ; le jour qui vient le prouvera. Les choses se sont transformées sous nos yeux sans que nous nous en apercevions ; elles nous apparaîtront, soudainement, sous leur nouvel aspect. La guerre elle-même n’est plus seulement internationale ; elle devient civile ; son résultat n’est plus seulement politique ; il est social. Ces choses sont tellement près de se manifester que je ne les énonce pas au futur. C’est demain que le fer doit donner au Pauvre la liberté et le pain — la terre qui produit le pain et proclame la liberté.

La politique, surtout la politique extérieure, échappe aux mains des possédants ; leurs combinaisons sont débiles, efflanquées, caduques, pourries ; c’est l’Église, en définitive, qui les inspire, les guide et les escorte à leur dernière demeure. La politique passe, par la force même des choses, aux mains des novateurs, des révolutionnaires ; ils doivent trouver, ceux-là, des formules jeunes, très simples ; balayer à l’égout, impitoyablement, tous les mensonges, tous les truismes pompeux et toute la putréfaction des principes ; donner à la liberté complète, indispensable aux grandes luttes qu’il faudra soutenir, une large et solide base matérielle. C’est ainsi seulement que pourront s’enthousiasmer les forces populaires dont le développement absolu sera nécessaire à la sauvegarde de la Patrie, constituée enfin en réalité. Voilà ce que la France, on doit l’espérer, saura comprendre tout d’un coup, quand il le faudra ; voilà ce que les misérables charlatans qui l’abrutissent l’empêchent de comprendre aujourd’hui.