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d’existence ? Non. Donc, il n’y a point d’autres richesses que la richesse intellectuelle et celle de la terre, de laquelle, d’ailleurs, la richesse intellectuelle provient. Toutes les erreurs, toutes les sottises, tous les mensonges des économistes eurent pour cause l’oubli de ce fait très simple : Nous habitons une planète qui s’appelle la Terre. Leurs constitutions théoriques d’un Capital composé de ceci, de cela, de l’argent, du machinisme, des produits emmagasinés, d’un peu plus, d’un peu moins, de tout ce qu’on veut, de tout ce qu’on ne veut pas — forment les échafaudages les plus grotesques qu’ait pu élever la perversion de la pensée humaine. Ces malheureux cherchaient à justifier, à établir sur la raison et la logique, un état social qui est l’expression même de la démence ; à donner des motifs sérieux à l’énorme effort moderne, qui n’a en réalité ni base ni but, et qui ne constitue en somme qu’une colossale déperdition d’énergie. Il est inutile de discuter leurs élucubrations. L’argent n’est pas le capital ; que les travailleurs d’une seule grande ville exigent tous le payement de leurs salaires à la fin de leur journée de labeur, et ils s’en apercevront. Le capital n’est pas davantage le machinisme, qui ne représente que la force inemployée de tous les malheureux à qui l’on refuse du travail ; et par conséquent, l’esclavage abrutissant de ceux auxquels on en accorde ; les machines sont des outils nécessaires à l’exploitation du seul capital, la terre ; aujourd’hui instruments, souvent démodés, de tyrannie affreuse — demain instruments sans cesse perfectionnés de liberté et de bien-être. Les produits accumulés ne sont pas le capital non plus ; ils représentent l’énorme quantité de besoins qui n’ont pas été assouvis. Le Capital, donc, tel qu’il est défini par les misérables explications des économistes, tel qu’il est conçu par l’esprit enfumé du peuple, n’existe pas.

Ce capital n’est que la somme de tous les crimes que les pauvres laissent commettre contre eux. Ce capital, c’est le protectionnisme, les privilèges et les monopoles, les traquenards financiers, l’esclavage militaire, l’impôt