Page:Darien - L’Épaulette, Fasquelle, 1905.djvu/83

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


V


Pendant deux jours, les journaux ont été remplis de détails sur le grand succès remporté à Saarbrück par l’armée française. Ce succès n’est que le prélude de victoires plus importantes, qui doivent amener, en peu de temps, le définitif triomphe de la France. Ce triomphe est certain, et les journaux disent pourquoi. Notre armée est aguerrie, elle a confiance en ses chefs, qui sont doués de capacités hors ligne et animés du patriotisme le plus pur ; l’armement de notre infanterie est excellent ; nous possédons des mitrailleuses qui doivent faucher les bataillons ennemis comme la faulx des moissonneurs, au mois d’août, jette sur le sol les épis mûrs. Nous avons sur le Rhin des canonnières qui doivent remonter le fleuve, et réduire en cendres les villes qui s’élèvent sur ses rives, Koblenz, Cologne, etc. Notre flotte doit bombarder et ruiner à jamais les villes du littoral allemand, de Hambourg à Danzig. Il faut, en effet, que nous apportions aux barbares Teutons la civilisation qui leur manque.

Tout cela est très beau, certainement ; mais ce n’est pas ce que j’aimerais à voir dans les journaux. Je voudrais y lire des récits terribles et détaillés de luttes sanglantes, de combats sans merci, des anecdotes amusantes et tragiques, des histoires d’armées entières s’évanouis-