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Mon père. — Laissez-moi compter, Delanoix possède bien 200.000 francs, en mettant les choses au plus bas. Sa fourniture, dont il est sûr maintenant, peut lui rapporter en moyenne 80.000 francs par an. Il est vrai que, pour la première année, il a 30.000 francs de commission à donner à de Rahoul, et 20.000 francs à moi… Allons ! allons ! Qu’est-ce que je dis ?…

Raubvogel. — Vous dites 50.000 francs. Tenez ; je ne suis pas dur. Obtenez-moi 30.000 de commission, pour moi tout seul, en guise de dot, et je fais cadeau de mon célibat à sa fille.

Mon père. — J’obtiendrai ça. Même, à votre place…

Raubvogel. — Non, ça me suffit ; je ne suis pas un glouton. Avec ça et ma maison de Mulhouse, il y a moyen de moyenner. À propos de Mulhouse, mon opinion est que le mariage doit avoir lieu dans cette ville. Voici comment on pourrait s’arranger. Le général de Rahoul est désigné pour faire à l’improviste, en Alsace, vers le 10 juin, une tournée d’inspection, qui doit être tenue secrète.

Mon père. — Tonnerre ! Comment savez-vous ça ?

Raubvogel. — Comme ça. Vous devez accompagner le général de Rahoul. Eh ! bien, vous passerez par Mulhouse ; vous y resterez même le plus longtemps possible ; car je ne pense pas qu’il y ait grand’chose qui puisse vous intéresser dans les forteresses et dans les garnisons alsaciennes. Je viendrai vous chercher à Versailles, où je trouverai également mon futur beau-père et ma fiancée ; nous irons directement à Mulhouse où se célébrera le mariage ; le général de Rahoul et son officier d’ordonnance voudront bien, j’espère, servir de témoins à Estelle ; et si vous voulez me faire l’honneur d’être l’un des miens, mon commandant, je prendrai comme second témoin un des plus honorables habitants de la ville, M. Lügner. Si vous ne voyez pas d’objection à ce plan, et si Delanoix me per-