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Mon père. — Mon garçon, vous avez un fier toupet.

Raubvogel. — J’ai du toupet, oui. C’est pour ça que vous me prenez aux cheveux, comme l’occasion. Voyons, de quoi s’agit-il ?

Mon père. — Parole d’honneur ! j’aime votre façon de comprendre les choses. Eh ! bien, mon ami, il faut vous marier.

Raubvogel. — La pénitence est douce. Laissez-moi passer la revue de ces dames. Le diable m’emporte ! Il n’y en a qu’une, Mlle Estelle. Hi ! hi ! ah ! ah ! Le général de Rahoul la serrait d’un peu près, l’autre jour. Est-ce que ?…

Mon père. — Un accident est vite arrivé…

Raubvogel. — Et vite réparé quand les ouvriers ont du cœur à l’ouvrage. Moi, j’aime la besogne faite.

Mon père. — Estelle est charmante. Une jeune fille accomplie ; un moment d’oubli ne prouve rien contre la pureté de ses sentiments. Elle fera une femme de premier ordre.

Raubvogel. — Elle sera ma femme ; ça vaudra mieux. En attendant, elle est la fille de son père. Qu’est-ce que ça représente ?

Mon père. — Delanoix a une certaine fortune. C’est un homme actif et intelligent.

Raubvogel. — Naturellement. S’il ne l’était pas, il ne serait point venu vous trouver pour vous demander de lui faire obtenir une fourniture de fourrage.

Mon père. — Comment savez-vous ça ?

Raubvogel. — Comme ça. Je pense aussi que, en bon parent, vous ne serez pas fâché de lui voir obtenir cette fourniture ; de le voir, donc, demeurer en bons termes avec le général de Rahoul ; et de le voir, par conséquent, réparer par le mariage de sa fille le dommage causé par l’incontinence du général. Combien pensez-vous que Delanoix donnera à sa fille ?