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mettre sinon d’établir définitivement vos droits, au moins de gagner beaucoup de temps, et de décourager les oppositions qui se sont produites à votre entrée en possession de l’héritage de celui que vous appelez votre oncle.

Raubvogel. — Oh ! Après sa mort ça ne peut pas le gêner… ça ne peut pas le gêner, le pauvre cher oncle, qu’on vienne révoquer en doute les liens de parenté qui nous unissaient.

Mon père. — Eh ! bien, je ne veux pas vous laisser plus longtemps dans l’indécision ; je vais vous dire quelle résolution nous avons prise après mûres délibérations. Comme homme, vous êtes certes loin de nous déplaire. Nous savons que, légalement, on n’a rien à vous reprocher. Au point de vue de la morale stricte, je… nous… de la conscience… je dois dire…

Raubvogel. — Rien de plus vrai. Mon opinion, à ce sujet, concorde avec la vôtre.

Mon père. — En tous cas, nous ne doutons point que vous ne compreniez que la famille est une chose sacrée. C’est une union… c’est-à-dire c’est une alliance… ou plutôt une institution providentielle. Nous avons donc décidé de vous reconnaître comme membre de notre famille, et de vous considérer, à tous les points de vue, comme notre parent. Il est bien entendu que vous ne devez pas oublier que la famille, ainsi que je vous le disais, est une union des cœurs et une institution divine…

Raubvogel. — La famille est quelque chose de très bête ou de très intelligent, de très nuisible ou de très utile. C’est intelligent et utile lorsque c’est une association d’individus, mâles et femelles, qui sont toujours prêts à s’aider les uns les autres, pour arriver à triompher des difficultés de l’existence. La voix du sang, c’est la voix de l’intérêt. Jouez cartes sur table, mon commandant. Qu’est-ce que vous attendez de moi ?