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en dépit des déterminations prises au déjeuner d’hier, il a été résolu d’admettre définitivement Séraphus-Gottlieb Raubvogel comme membre de la famille. Je n’ai pas été témoin, bien entendu, de l’entretien de mon père et de Raubvogel ; et je n’essayerai point de vous faire croire que j’étais derrière la porte et que j’ai écouté, par le trou de la serrure, tout ce qu’ils se sont dit. Mais, par la connaissance des résultats qu’elle a donnés, je puis aisément reconstituer le sens de leur conversation. Les expressions que je place dans leur bouche ne sont sans doute pas celles dont ils firent usage, et les choses ne se sont peut-être point passées exactement comme je les représente. Mais qu’est-ce que ça fait ? Voici, donc, le dialogue :

Mon père. — Enfin, M. Raubvogel, vous venez me parler de vos affaires. Permettez-moi une question ; vous êtes à Versailles depuis huit jours, pourquoi ne l’avez-vous pas fait plus tôt ?

Raubvogel. — Mon commandant, je voulais vous laisser le temps de prendre des informations sur mon compte.

Mon père. — Vraiment ! Et ces informations, croyez-vous que je les possède actuellement, et complètes ?

Raubvogel. — Si vous ne les possédiez pas, le service des renseignements du ministère ne vaudrait pas grand chose.

Mon père. — Hum !… Vous prétendez donc être le fils d’un M. Gustave Raubvogel qui épousa la sœur de feu M. Ludwig von Falke, et qui était, lui-même, le frère du sieur Isidore Raubvogel, de son vivant propriétaire de l’hôtel des Trois Cigognes à Mulhouse ?

Raubvogel. — C’est ma prétention.

Mon père. — Comme vous ne pouvez établir cette assertion sur aucune base sérieuse, vous avez pensé que l’appui de parents bien cotés, qui contresigneraient vos allégations, vous serait fort utile, et pourrait vous per-