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dire qu’il se passa quelque chose d’étrange dans le salon. Ils se hâtent ; et, dans le vestibule, ils se trouvent nez à nez avec le général de Rahoul, rouge comme une pivoine, qui va sortir de la maison.

— Que s’est-il passé ? interroge Delanoix qui pénètre dans la salle à manger et se dirige vers le salon, tandis que mon père, qui sait sans doute à quoi s’en tenir, dit au général :

— Vraiment, mon général, vraiment, je n’aurais jamais cru…

— Allons, allons, commandant, ne faites pas l’enfant ; vous savez bien qu’on n’est pas de zinc. Et puis, voulez-vous que je vous dise ? continue-t-il plus bas. J’ai été volé ; elle avait vu le loup.

Le général sort ; et Delanoix, un moment après, arrive.

— Réellement, dit-il, pendant que les sanglots d’Estelle, toujours dans le salon, ponctuent les paroles de son père, réellement c’est scandaleux, horrible, monstrueux…

— Allez ! dit mon père froidement, en croisant les bras ; allez ! continuez ! Donnez-vous en à cœur-joie ! Seulement, souvenez-vous que si vous mettez le général contre vous, votre fourniture est dans le lac.

Delanoix laisse tomber ses bras et se mord les lèvres. Mon père, au bout d’un instant, ajoute à voix basse :

— Allez consoler votre fille et tranquillisez-la. Je trouverai moyen de tout arranger au mieux de nos intérêts communs. Je vous le promets. J’ai une idée.



Je n’ai pas l’intention de vous apprendre quelle est l’idée de mon père. Je vous informerai seulement de ce fait : qu’il vient d’avoir une longue entrevue avec le cousin Raubvogel. Je l’appelle encore cousin, parce que,