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« Le nommé Raubvogel (Séraphus-Gottlieb) se donne comme originaire de Strasbourg ; mais malgré toutes nos recherches, il nous a été impossible de vérifier le fait. Un informateur allemand à notre service le croit originaire de Mayence ; mais cette supposition ne repose sur aucune base sérieuse. La présence du personnage a été signalée, à plusieurs reprises, sur le territoire français ; il est à présumer pourtant qu’il a principalement habité l’Allemagne. On ne lui connaît, de façon précise, aucun parent. Au point de vue de la fortune, il est à croire qu’il vit d’expédients. Il a des hauts et des bas très sensibles. Bien qu’il ne soit âgé que de vingt-cinq ans environ, son existence doit avoir été mouvementée. Rien ne donne à penser qu’il s’occupe de politique ou d’espionnage. Aucun fait précis à relever contre sa moralité. Il a fait son apparition, il y a deux mois environ, à Mulhouse ; voici dans quelles conditions : Un habitant notable de la ville, M. Isidore Raubvogel, propriétaire de l’hôtel des Trois Cigognes, avait été frappé d’une attaque d’apoplexie. Il était veuf et sans enfants ; et, comme il restait peu d’espoir de le sauver, ses amis et le personnel de l’établissement ne savaient qui prévenir de son état. M. Isidore Raubvogel, très réservé au sujet de ses affaires de famille, n’avait jamais parlé d’aucun parent ; et comme il avait perdu connaissance, on n’en pouvait tirer le moindre renseignement. Quelques parents de sa femme, habitant Mulhouse, essayèrent de pénétrer auprès du mourant. Mais le personnel de l’hôtel, les sachant en très mauvais termes avec lui, refusa de leur permettre l’accès de l’appartement. C’est alors qu’arriva un soir le nommé Raubvogel (Séraphus-Gottlieb) qui fait l’objet de ce rapport, et dont personne n’avait jamais entendu parler à Mulhouse. Il se donna comme le neveu du moribond ; parvint, soit par force, soit par corruption, à gagner l’accès de sa chambre, dans laquelle il resta seul avec lui, et dont il n’ouvrit la