Page:Darien - L’Épaulette, Fasquelle, 1905.djvu/56

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de la France a été d’un grand secours à la politique de Bismarck. Mais de l’Autriche à l’Empire français, il y a un pas. L’affaire du Luxembourg, il y a deux ans, a d’ailleurs prouvé que la Prusse ne recherchait pas une lutte avec la France. Le fusil à aiguille est une arme sérieuse, mais le chassepot lui est évidemment supérieur…

— Moi, s’écrie le général de Rahoul, en opérant en avant un mouvement qui entraîne la jambe d’Estelle, j’étais partisan de l’adoption du fusil Plumerel.

— Le fusil Plumerel avait de bons côtés, assure Delanoix en regardant avec inquiétude du côté de sa fille.

— Ah ! mon cousin, dit Raubvogel en cherchant évidemment à concentrer sur lui l’attention de Delanoix auprès duquel il est assis, vous paraissez avoir de profondes connaissances en balistique. Tire-t-on toujours à l’arc, dans votre pays ?

— Plus que jamais ! répond Delanoix, se tournant complètement vers Raubvogel qui semble très désireux d’être mis au courant des coutumes du Nord de la France.

Le cousin Delanoix donne au cousin Raubvogel toutes les explications qu’il réclame. Pendant quoi Estelle s’enquiert auprès de moi de mes facultés d’absorption, les petits fours étant en cause. Pendant quoi, aussi, le général de Rahoul, ayant retrouvé son aplomb, déclare que tout ce qu’on raconte au sujet de la supériorité de l’artillerie allemande est une simple farce.

— Si la France le voulait, dit-il, elle aurait aussi des pièces à fermeture de culasse. Le général Treuil de Beaulieu en a inventé une dernièrement. Mais le maréchal Le Bœuf, président du comité d’artillerie dont je fais partie, a donné l’ordre de ne pas accepter cette bouche à feu. Nous sommes du même avis : tout ça, c’est de la ferraille.

— Il est bien certain, dit à son tour l’officier d’ordon-