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diabolique, avec sa petite pointe effilée qui se recourbe en crochet, et elle donne à toute la physionomie un caractère si original ! Quelle peut bien être la profession de M. Raubvogel ?

C’est précisément la question qu’adresse mon père, à demi-voix, au général de Rahoul qui vient d’arriver.

— Écoutez, répond le général, voici ce que je vais faire : je vais charger le service secret du ministère de la guerre de prendre des renseignements sur le personnage. Vous les aurez par retour du courrier et vous saurez à quoi vous en tenir. Je dois dire que sa figure ne me déplaît pas.

À moi non plus. Il est certainement le premier civil qui ait eu mon admiration pleine et entière. Jusqu’ici, je n’ai jamais eu pour les pékins une large place dans mon cœur. Mais je dois dire que Raubvogel, s’il ne porte pas l’uniforme, est digne de le porter. J’établis un parallèle entre lui et les nombreux officiers présents dans le salon ; il ne perd pas à la comparaison. Et pourtant il y a là trois généraux, le colonel du régiment de mon père et un officier d’ordonnance du maréchal Bazaine…

— Messieurs de la famille…

Mon père me prend par la main ; je dois marcher derrière le cercueil, entre mon oncle Karl et lui. Avant de sortir du salon, je jette un dernier coup d’œil d’admiration sur la barbe de Raubvogel.